A l’arrivée dans cette ville d’altitude, le changement est encore plus flagrant. Il y a des cistes sur le bord de la route et des cyprès dans la cours des églises ! Même les vaches ont changé, elles sont plus fines et ont toutes une tache blanche sur le postérieur, comme des antilopes ! Nous sommes encore dans une île à grande majorité catholique. Tout se déroule de manière évidente : nous rencontrons un québécois dans la voiture partagée, il se rend au même hôtel que nous, ce qui aide considérablement car cette petite homestay n’est indiquée nulle part. Marselino’s Homestay est un petit havre de paix. Il n’y a que trois chambres, des douches communes et une petite cuisine pour la préparation des petits déjeuners inclus. Il est particulièrement agréable d’arriver dans une ville où il fait si frais. Internet ne fonctionne pas, mais maintenant nous avons l’habitude ! Après nos quatre heures de voiture matinale, nous décidons de nous reposer. Nous marchons un peu en ville, mangeons un Gado-Gado et cherchons des solutions pour notre croisière à venir, pour notre prochain hôtel et pour l’extension de visa que nous avons à faire : c’est un vrai casse-tête. Dans l’après-midi, nous rencontrons une voyageuse d’une quarantaine d’année, complètement folle !! En deux mois de visa en Indonésie, cette dame est restée un mois complet dans une ville touristique de Bali. Elle s’en mord maintenant les doigts et nous répète inlassablement la même chose. Le pauvre Marselino n’en peut plus qu’elle le suive partout dans son hôtel pour lui raconter sa vie et poser des questions dont elle n’écoute pas les réponses. Elle est un sketch à elle toute seule et elle anime bien notre après-midi glandouille !

Nous n’avons qu’une journée de visite dans cette charmante petite ville. Nous démarrons à neuf heure pour nous rendre jusqu’aux villages traditionnels Ngada. La campagne est magnifique. La saison des pluies s’amorce doucement et la végétation est très verte. Nous faisons toute la route jusqu’au village de Luba, avec une vue extraordinaire sur le volcan Inerie. Il se dresse au milieu de petits reliefs montagneux, avec la forme parfaite d’un volcan.
Arrivés au premier village, une adorable dame nous dirige vers un vieux monsieur, afin que nous fassions un don pour l’entretient. Demandé si gentiment, nous donnons une petite contribution au village. Ici le temps semble s’être arrêté deux cent ans plus tôt. Les maisons sont en bois et bambous, les toits en feuilles de palmiers tissées et les habitants chiquent encore du bétel, leur donnant un sourire désastreux, édenté et rouge. Certains touristes nous étonnent encore par leur nonchalance. Ils débarquent sans donner la moindre contribution, mitraillent l’endroit de photos en quelques secondes et repartent dans la foulée. Quelle visite bâclée. Nous avons toute la journée devant nous alors nous flânons dans le village, observant les grains de café mis à sécher au soleil ou les cornes de buffles attachées le long des maisons. Nous nous asseyons à l’ombre et contemplons les nuages qui défilent devant le majestueux volcan.
Nous finissons par repartir pour parcourir les quelques kilomètre qui nous séparent du second village. Bena est plus impressionnant, mais aussi plus touristique. Nous sommes quand à même à Flores et en saison basse donc rien de rédhibitoire. Nous payons notre entrée, et marchons dans le village. Il y a, comme dans le précédent, beaucoup de femmes qui tissent et vendent des étoles. C’est un des villages les plus traditionnel de la région. Bien que la population soit essentiellement catholique, elle n’a pas perdu ses coutumes ancestrales. Il y a encore trois rites sacrificiels par an dans le village qui se déroulent près des mégalithes funéraires au centre de la place. Encore une fois, nous prenons notre temps pour visiter l’endroit et nous immerger dans l’ambiance incroyable de ce genre de lieu. Il a des clous de girofle mis à sécher en grande quantité sur des bâches. Il y en a tellement que l’atmosphère embaume. Il y a aussi des noix de macadamia qu’on entend crépiter au soleil pendant qu’elles sèchent. Une petite mamie toute recroquevillée les décortique sur la terrasse d’une maison. Nous finissons quand même par repartir et nous espérons trouver quelque chose à manger sur la route pour notre prochaine étape.
Nous arrivons finalement aux sources d’eau chaude sans avoir rien avalés. Par dépit, nous demandons à la supérette de nous faire bouillir de l’eau pour des nouilles instantanées. Ce n’est pas un repas de luxe, mais nous avons maintenant l’énergie pour aller nous baigner. L’endroit est magnifique. Deux rivières se rencontrent, l’une froide, l’autre brulante qui a l’odeur de soufre. Il est difficile de rentrer dans l’eau tellement la température est élevée mais une fois dedans, c’est un vrai régal ! Nous pataugeons dans l’eau fumante, faisant de temps en temps un petit tour dans le courant froid pour apaiser notre peau qui chauffe. J’en ai presque la tête qui tourne ! Lorsque nous repartons, nous sommes lessivés, comme si nous avions fait une journée hammam.
Nous rejoignons enfin l’hôtel pour nous reposer, et surtout, une millième fois pour faire nos sacs minutieusement, en remettant chaque chose à sa place et en recommençant à tasser les petits souvenirs qui s’accumulent…