Nous sommes dans la ville la plus sacrée des trois sites les plus sacrés des sites sacrés du bouddhisme. Nous nous attendions donc à une contrée spirituelle et sobre, emplie de calme et de sérénité… Mais Bodhgaya, c'est le lieu d'affluence de tous les bouddhistes les plus aisés du monde entier. Alors chinois, thailandais, tibéteins se bousculent pour prier au pied de Bodhi Tree, l'arbre sous lequel le Buddha aurait connu l'éveil. Le tourisme n'est donc centré que sur ça et les hôtels agrandissent la ville comme il pousserait des champignons. De la fenêtre de notre chambre, nous observons par exemple la construction d'un immense complexe hôtelier, aux airs de monastère. Nul doute qu'il accueillera bientôt une flopée de petits hommes en bordeau et orange, venu de partout dans le monde pour tenter de connaître l'éveil et d'atteindre le nirvana.
De l'autre côté du balcon, des élèves qui étudient, dans un bâtiment en construction. Le contraste est saisissant !
Les moines déambulent, visitent, font du shopping dans les centaines d’échoppes de la ville, dans le déni le plus total de la misère qui est partout autour.
Et pour nous faire mentir, un soir au détour d'une rue, nous assistons à une distribution alimentaire à la population. Alors les enfants, les femmes, les handicapés et les vieillards se bousculent autour de ce pick-up bordeau buddha pour avoir quelques fruits et du jus. Cette scène surréaliste se termine aussitôt qu'elle a commencé. Le décalage est encore là. Est-ce un don de soi que ces moines réalisent, avec le coeur et l'âme, dans le soucis du plus pauvre ? Ou est-ce un rituel obligé et une déculpabilisation ? Car ces moines n'ont rien de chaleureux à nos yeux. Derrière leur masque anti-pollution, ils jettent machinalement des sacs, retienne l'émeute à coup de bâton et l'un d'eux filme avec son smartphone... Nous sommes perplexes.

Le lendemain nous visitons à l'aube le Mahabodhi Temple. Ce temple, classé patrimoine mondial de l'UNESCO, baigne déjà dans la foule à 7h30. Il y a des fleurs par millions, des moines aux couleurs chatoyantes dans chaque recoin et des perruches à collier qui jacassent au dessus de nos têtes. Ce site est aussi beau et puissant qu'il est ridicule. Des centaines de moines et de civils prient. Certains lisent des prières, d'autres font le tour de l'édifice en marmonnant des incantations ou en s'agenouillant à chaque pas et certains se prosterne même à répétition, comme s'ils faisaient des pompes ! Après cette expérience, je défis quiconque de me soutenir que le bouddhisme n'est pas une religion mais une philosophie. La philosophie c'est le bouddhisme d'exportation qu'on nous vend à toutes les sauces en occident.

Nous terminons par une fin de journée dédiée à tous les petits temples éparses de la ville. Il y a presque un temple bouddhiste par pays du Sud Est asiatique. Nous observons les différents styles architecturaux rue après rue. Après être passé devant le Giant Buddha, nous découvrons le Fo Guang Shan Temple, le Karma Temple, le Royal Bhutanese Monastery et le Thai Temple. Aucun n'est semblable mais tous sont dédiés à la même religion et le plus impressionnant est sans nul doute le Thai Temple !

Mais à chaque sortie, la misère est présente. Nous sommes dans une des régions les plus pauvres de l'Inde … ce genre de pauvreté adapté aux touristes à la « Slumdog millionnaire ». Je vous passe les détails des estropiés, des handicapés et des bébés qui pleurent pour vous montrer un aperçu plutôt glamour des trottoirs qui servent de dortoirs, de cuisine, de toilettes et de lieu de travail.
Nous fuyons donc à chaque repas dans la cité des réfugiés tibétains. Nous dégustons une délicieuse cuisine familiale au Tibet Om Café.

Je me suis lancée dans l'indentification et éventuellement la photographie des oiseaux de l'Inde. Je me balade donc avec mon nouveau livre « the book of indian birds » et photographie les spécimens qui s'immobilisent le temps d'un click !