Coline et Frank sont bien arrivés et nous les avons plongés, dès le lendemain matin, dans les transports en communs et les galères pour arriver jusqu’à Cherating. Je crois que nous avons bien peaufiné notre parcours et de ce fait, les vacances de nos deux acolytes. Nous arrivons à Payung Guest House et découvrons un vrai jardin, encadré par des bungalows en bois. Coline et Frank en trouve un avec la climatisation et François et moi nous contentons d’un fan.

Nous prenons nos marques, repérons les restaurant et la supérette du coin. Il fait vraiment chaud, avec un haut taux d’humidité. Même pour nous, qui sommes habitués, le climat est éprouvant. Heureusement ici, nous avons la mer à quelques minutes de marche et nous y découvrons une eau … tiède ! Pas la peine d’espérer se rafraichir dans le Golf de Thaïlande, la température frôle les trente degrés. Nous nous essayons aux planches de surf mais les vagues sont faiblardes à cette saison. Nous prenons quand même un grand plaisir à passer des heures dans l’eau sans le moindre frisson. Ce premier soir, nous avons rendez-vous avec un passionné de nature, Hafiz, pour aller observer les lucioles dans la mangrove. Le fameux monsieur, dont François me parlait depuis que nous nous sommes rencontrés, est bien là devant nous. Les lucioles sont toute sa vie et il nous explique leurs particularités, leurs habitudes, leurs fonctionnement… Nous montons ensuite tous les quatre dans un bateau et filons dans la nuit. Au début, nous ne voyons que quelques points lumineux dans le noir. Plus nous avançons, plus les points clignotants se font nombreux. A l’aide d’une lampe de poche, Hafiz fait des signaux lumineux pour les attirer. Les lucioles s’envolent alors par centaines pour venir virevolter autour de nous. Le spectacle a quelque chose de féérique, sorti tout droit de nos rêves d’enfants. Certaines se posent dans nos cheveux, sur nos vêtements et quand nous avons de la chance, au creux de notre main. Alors nous pouvons les voir de tout près clignoter dans le noir. L’heure de visite passe en un éclair, mais nous sommes ravis du détour !  

 Le lendemain, la journée est aussi dure que la précédente. Nous nous levons tranquillement, petit déjeunons de délicieux pancakes et filons tous à la plage. Comme la veille, l’eau nous semble très salée et nous donne parfois des sensations de picotements. Nous apprenons en fait en rentrant que ce sont des petites méduses ! Nous avons trouvé, dès le premier jour, un très bon petit restaurant, qui sert des poissons fris à tomber par terre. Alors une fois de plus, nous allons nous régaler là-bas à midi. L’après-midi, Coline et Frank louent un canoé pour aller faire un tour dans la mangrove tandis que François et Moi restons au bungalows, j’ai du pain sur la planche niveau article et photos à trier ! Lorsqu’ils rentrent, nous partons tous ensemble pour boire un verre au bord de l’eau. Nous trouvons un petit bar tout en simplicité et les pieds dans le sable, sirotons des mojitos pendant que la nuit tombe. Malgré le côté déjà paradisiaque du séjour, le clou de la visite reste à venir. A vingt et une heure, nous avons rendez-vous à l’hôtel pour partir de nuit observer la ponte des tortues de mer. Il s’est mis à pleuvoir des cordes et nous devons patienter un peu avant de prendre la route. Nous commençons la sortie par un tour à la nurserie de tortue. Des centaines de bébés sont en train d’éclore et les rangers les mettent dans des grandes caisses. Nous devons ensuite les séparer dans des bassines plus petites pour qu’elles ne soient pas trop serrées et pour les compter. L’immersion est immédiate ! Nous comptons cent, deux cents, trois cents, quatre cents … cinq cent soixante et onze bébés tortues à aller relâcher. Il n’y a pas de temps à perdre car tout le temps passé dans les bassines, c’est de l’énergie qu’elles dépensent pour rien. Nous allons sur la plage et les relâchons, bac par bac. Elles sont attirées par la lumière, alors avec ma lampe torche, je dois me placer avec le guide, les pieds dans l’eau pour qu’elles trouvent leur chemin. Elles ont une énergie incroyable, un élan de survie d’une puissance hors du commun. Par centaines, elles se jettent à l’eau et nagent de toute leur force. Seulement un pourcent arrivera à l’âge adulte, sur les cinq cent soixante et onze relâchées ce soir cela représente à peine six tortues. Mais la conservation semble porter ses fruits et les rangers observent chaque année de plus en plus d’individus. Une fois tous les bébés à l’eau, l’euphorie redescend et nous prenons conscience du moment qui vient de se passer. En ce qui me concerne, j’ai réalisé un rêve d’enfant. Nous sommes tous émus, un peu hébétés mais rapidement, notre guide nous indique que le ranger a repéré une tortue adulte sur la plage. Nous marchons quelques centaines de mètres plus loin et dans la lumière du garde, nous apercevons une silhouette énorme. La tortue a été dérangé par l’orage, elle ne pondra pas ce soir et c’est pourquoi nous pouvons l’approcher tout prés. D’après le guide, elle a entre trente et quarante ans, elle est vraiment gigantesque. François est au bord des larmes, et nous la regardons prendre le large en essayant de graver cette vision magique. Ensuite, plusieurs heures s’écoulent avant que les gardes n’en repèrent une autre. Et comme il n’est pas question de l’approcher tant qu’elle n’a pas commencé à pondre, nous attendons une éternité avant de pouvoir l’approcher. Nous sommes trempés, il fait froid et la tortue tombe sur la roche à chaque tentative pour faire un trou. Le garde finit par l’aider délicatement à trouver un endroit, et elle commence à préparer la « chambre » de ponte en creusant avec les pattes arrières. Soudain l’orage reprend et nous sommes obligés de fuir la plage sous des trombes d’eau. Il est deux heure du matin, nous sommes trempés jusqu’aux os : la visite se termine là. Nous aurons relâché quelques six cents bébés et observés deux tortues adultes, ce qui est déjà une nuit chanceuse, malgré l’intervention de la pluie. Vous pouvez avoir un bel apperçu de notre soirée dans la vidéo que nous avons faites ! Nous nous rinçons et nous effondrons de sommeil pour une courte nuit, car demain nous devons prendre la route de bonne heure.