Kuala Lumpur est fascinante de contraste. La population est composée de Malais (60%), de Chinois (25%), d’Indien (10%) et d’autres origines diverses. Dans certaines rues, l’odeur des épices et les musiques nous font retourner en Inde. Dans le restaurant que François connait déjà, SK Corner, nous remangeons des Naans, des Chapatis, des Dosai et des Dal de lentilles … En fermant les yeux, nous pouvons sentir un petit bout de l’âme indienne. Trop impatients de se plonger dans l’effervescence, nous choisissons China Town comme premier lieu de balade. Le petit temple taoïste de Sin Sze Si Ya, qui ne paie pas de mine de l’extérieur, nous plonge dans une atmosphère envoutante. Les couleurs majoritaires sont le rouge des peintures, le doré des écritures et le brun de l’architecture en bois. La lumière venant d’ouvertures près du toit filtre à travers les nuages d’encens qui inonde la pièce. L’ambiance dans l’enceinte est paisible et puissante. Nous poursuivons notre route, passant par Kasturi Walk et Central Market qui sont des lieux touristiques où l’on trouve toutes sortes de babioles et de souvenirs, avant de rejoindre la fameuse Petaling Street, au cœur de China Town. Les commerces sont très décevants. Des sacs à main de contrefaçon, des chaussures, des coques de téléphone… aucune petite boutique exiguë où l’on croirait dénicher des trésors et rien à voir avec Soi Wanit Lane à Bangkok. Heureusement, il y a d’autres magnifiques temples comme le Guan di Temple ou le temple hindou Sri Maha Mariamman. Dans ce dernier, nous ne regarderons que la façade car nous sommes découragés par la foule de touristes qui se précipitent à l’intérieur. Plus tard dans l’après-midi, nous nous rendons au pied des incontournables Petronas Towers. Dommage pour les photos, j’ai le soleil en plein dans l’objectif. Elles seront plus faciles à photographier de nuit ou au soleil levant : nous reviendrons !

Dans Kuala Lumpur, il y a une quantité incroyable de centre commerciaux gigantesques dont la plupart abritent des marques de luxes et certains sont même entièrement dédiés à l’informatique. Par curiosité, nous en visiterons plus d’un. De Pavillon Mall à Times Square en passant par Soria Plaza, ce sont tous des temples de la consommation extrêmement soignés. Nous devons reconnaître que les Asiatiques ne manquent pas de goût lorsqu’il s’agit de construire des centres commerciaux. Ils sont souvent esthétiquement agréables, miroitant de tous les côtés et s’élevant sur un nombre impressionnant d’étages. Tout est bon à visiter, surtout lorsqu’on a dix jours pour une ville, aussi grande soit-elle.

Cette fois s’en est assez, pour notre cinquième jour à Kuala Lumpur, nous mettons le réveil de bonne heure et farfouillons dans les quartiers populaires à la recherche d’un vrai marché local. Nous dégottons Bazar Baru dans le quartier de Chow Kit. Quel régal de marcher parmi les fruits, d’acheter quelques délicieux kiwis pour une bouchée de pain, de traverser les étals de légumes et de finir entre les poissons et les têtes de vaches. J’avoue qu’à huit heure du matin, les odeurs d’écailles et de tripes nous font parfois des hauts le cœur, mais en vrai, c’est ce que nous aimons, repousser nos limites de conforts et nous immerger dans le quotidien d’une ville. Les chats aussi sont au rendez-vous, à chaparder quelques bouts de poissons et à tourner entre les marchands. Après nous être repu de mauvaises odeurs, nous nous dirigeons vers « Little India ». Les musiques, les odeurs d’encens et les magnifiques saris que portent les femmes nous rappelle vaguement des souvenirs mais impossible de se croire en Inde, tout ici est bien trop propre et riche. Nous avons pris l’habitude depuis quelques temps de visiter au maximum à pied et depuis qu’on m’a volé mes chaussures à Luang Prabang, je suis en sandales. Je pense que je n’ai jamais eu les pieds aussi bronzés de ma vie !

Sixième jour, nous prenons le train KTM pour rejoindre la ville de Klang à trente kilomètres au Sud de Kuala Lumpur. Dans le wagon quasiment désert, nous sommes assis en face de deux hommes, a priori d’origine Indienne. Au bout de trois quart d’heure de trajet, ils finissent par lancer la discussion. L’un d’eux parle très bien anglais et nous apprenons rapidement qu’ils habitent en Inde. Ils sont ici pour faire des affaires et pour revoir des amis. L’arrivée du train écourte la discussion qui dérivait sur nos métiers et donc sur l’agriculture. Mais lorsque nous sortons de la gare, ils nous rattrapent et nous propose d’aller boire un café. Nous acceptons volontiers et nous entrons avec eux dans la salle « VIP » du restaurant Bismillah. Je commande un jus de pomme, François un café et les trois Indiens prennent des Tchaï. Mais rapidement arrivent des parotas, des dosas et pleins de petites sauces et de plats Indiens. Au début un peu gênés, nous mangeons avec eux. Ici c’est à l’Indienne, avec les doigts mais attention que de la main droite ! Nous avions déjà retrouvé les saveurs de là-bas dans quelques restaurants de Kuala Lumpur, mais celui-ci défit toute concurrence. Le chutney à la noix de coco dont nous raffolions est à tomber par terre et il nous suffit de fermer les yeux pour se croire en Inde. Nous échangeons quelques mots, mais la conversation est limitée par la barrière de la langue, un seul des trois parle anglais. Nous finissons, mal à l’aise, par nous lever pour payer notre dû mais il était couru d’avance que le repas était offert. En Asie, lorsqu’on invite quelqu’un à sa table, c’est pour lui offrir le repas. Nous remercions donc chaleureusement et quittons le restaurant. Les touristes ne doivent pas souvent faire le détour par ici car nous sommes dévisagés. Nous arrivons jusqu’au temple chinois Kuan Yin que nous découvrons un peu par hasard : il n’était pas indiqué par le Lonely Planet. Comment ce temple datant de 1892, un des plus grands temples chinois de la région, peut-il avoir été oublié par un tel guide de voyage ? Son esthétique dépasse l’entendement. Chaque détail a été pensé avec soin, réalisé avec minutie, c’est une réelle œuvre d’art. Il dégage un tel force et il est si beau qu’il devient rapidement un de nos temples favoris du voyage. Une question reste sans réponse depuis quelques temps. Ces temples sont ornés de statues typiquement chinoises mais il arrive souvent qu’il y ait des représentations du bouddha qui ne semblent pas avoir le rôle central. La question est donc : de quelle religion s’agit-il ? Nous osons finalement interroger un homme qui s’apprête à sortir de l’enceinte. Passionné, il se livre à des explications détaillées sur la religion chinoise qui est en réalité une fusion entre Bouddhisme, Taoïsme, et Confucianisme. Après cette charmante discussion, nous découvrons aussi le temple Hindou Kuil Sri Nagara Thendayuthapani et la mosquée Masjid India.

Les journées commencent à se faire longues. Nous n’avons pas la motivation pour faire huit heures de visite par jour, mais notre chambre d’hôtel de la taille d’un placard n’est pas vraiment un lieu propice à la glandouille. Nous nous marchons dessus, tournons en rond, vivement le grand départ ! Heureusement, Margaux et Manon sont arrivées à Kuala Lumpur et nous rejoignent un soir pour manger ensemble et boire un verre. Elles sont toujours aussi en forme, ont pleins d’aventures à nous raconter et le temps file encore comme un éclair. C’est la deuxième fois en six mois que nous buvons de l’alcool fort et un verre me suffit pour me sentir assez mal. Le lendemain, nous avons presque la gueule de bois alors que nous avons bu un cocktail et une bière chacun ! Alors pour nous décrasser, nous enfilons une tenue sportive et nous nous rendons au grand parc de KLCC. Au programme, corde à sauter pour nous deux, séance de traction sur les cages à écureuils pour François et musculation des jambes pour moi. Après avoir pris ce bon bol d’air frais, nous achetons des bananes, des oranges, des kiwis et nous faisons un repas de midi frugivore, un régal.

Enfin le fameux 14 aout est arrivé. J’ai tellement hâte de voir Coco et Frank que j’aimerai me rouler en boule et hiberner jusqu’à ce qu’ils arrivent. Raison de plus pour occuper la journée qui s’annonce longue. Nous partons donc à la découverte d’une partie inexplorée de Kuala Lumpur. Nous prenons le métro jusqu’à la grande gare centrale et nous commençons par un Nème temple chinois, Sam Kow Tong. Par un total hasard, nous arrivons lors de la fête annuelle des esprits où se déroulent des prières toutes la journée, des spectacles de marionnettes et où les ancêtres reçoivent moult offrandes. Encore un fantastique moment à observer des rituels totalement inconnus. Et nous reprenons notre route vers la vieille gare de KL traversant en chemin un quartier Indien plus Indien que le fameux little india de la ville. Nous terminons notre journée de visite par Merdeka Square, ancien terrain de cricket, encerclé par de somptueux bâtiments d’époque comme le palais du Sultan Abdul Samad. Maintenant, nous comptons les quelques heures qui nous séparent de l’arrivée de Coline et Frank…