Nous avons longuement hésité à venir à Dalat tant les avis sont mitigés sur cette ville d’altitude. Certains la décrivent comme totalement impersonnelle et pas du tout typique, d’autre sont charmés par le cadre et les températures très clémentes : nous sommes venus nous forger notre propre opinion ! Notre arrivée est fracassante ! Le gérant de l’hôtel nous accueil plein d’enthousiasme et nous invite aussitôt à nous joindre à lui pour le repas du soir où il a convié toutes ses chambres. A Thien Kim Guest House, on ne rigole pas avec l’hospitalité et comme il le dit si bien « tout va bien, vous êtes à la maison maintenant ! ». Nous nous retrouvons à l’acceuil de l’hôtel et aussitôt Thien nous fait gouter une liqueur qu’il a préparé lui-même. Nous pensons que c’est à base de pomme, mais notre traduction n’est pas toujours parfaite. Il déborde d’énergie et à peine notre verre vidé, nous le re-rempli. Nous sommes à jeun et n’avons pas bu d’alcool fort depuis quatre mois. En deux verres, nous sommes déjà soul et les discutions entre Backpackers se font naturellement … en anglais ! Il nous emène dans la foulée avec sa femme et son fils dans un restaurant ! Nous n’avons pas le temps de dire « ouf » que déjà nos verres sont remplis de bière et les assiettes de riz fris arrivent.
Lorsque le repas bat son plein, nous comprenons que Thien compte nous emmener faire un karaoke. Nous sommes terrifiés mais le piège se referme sur nous qui sommes déjà trop alcoolisés pour résister. Avec Ben, Judith, Matthieu, Thien le patron, sa femme Kim et leur fils de 6-7ans, nous nous retrouvons donc dans une salle privée avec deux micros et des bières à volonté. Et nous avons chanté, pendant trois heures, plus mal les uns que les autres sur des airs des Beattles, de Queen, de Métalica et j’en passe. Nous regagnons notre chambre à une heure du matin.

Les bruits de la ville nous réveillent à sept heure. Nous avons un peu les cheveux qui poussent dans la tête mais nous sommes incroyablement en forme vu les circonstances. Thien nous accueille aussi énergique que la veille et nous donne une carte de la ville sur laquelle il pointe toutes les belles choses à voir. Nous avons renoncé à faire un tour organisé car ils sont excessivement cher alors nous partons à pied à la découverte de la ville. La boulangerie que nous a conseillée Thien pour le petit déjeuner est simplement époustouflante. Nous nous attendions à un magasin de touriste où tout serait très cher mais c’est l’inverse. Il y a de quoi manger pour tous les gouts, du gâteau de patates douces aux pains aux chocolat en passant par les délicieux Banh Bao dont nous raffolons. Ce sont des petites brioches cuites à la vapeur farcie au porc et aux champignons. Nous adorons les villes de montagnes. A chaque fois, nous sommes envoutés par le côté décalé et hors du temps. L’architecture est toujours singulière, tellement différente des plaines et pourtant nous ne saurions expliquer la différence. L’agriculture est spécifique et je jubile à reconnaître les cultures, à imaginer ce qui pousse dans les serres et pourquoi cette ville s’est spécialisé dans telle ou telle activité. A Dalat, c’est la culture de la fraise et de l’avocat qui sont les reines et elles partagent cette place de choix avec les cultures de café et de fleurs coupées. Il y a énormément de serre, comme une petit Murcia vietnamienne. Nous passerons devant la gare, la plus vieille du Vietnam, et marcherons jusqu’au jardin des fleurs. La ville est construite autour d’un grand lac et la balade est très agréable. Malgré notre motivation, nous ne sommes pas au top de notre forme et nous rentrons faire la sieste.

Le lendemain, nous demandons à un taxi de nous emmener au départ d’un téléphérique qui doit nous mener à travers les pins jusqu’à un monastère. Evidemment, il ne parle pas beaucoup anglais et malgré mes tentatives désespérées pour lui faire comprendre qu’il ne nous emmène pas au bon endroit nous nous retrouvons au monastère, sans avoir pris le téléphérique…Mais le monastère est très joli, quoi qu’un peu trop neuf, et il donne directement sur un grand lac. Nous marchons un peu et nous nous posons prendre un café dans une petite terrasse. Nous redémarrons ensuite pour rejoindre à pied les chutes d’eau de Datanla. L’entrée à la rivière est payante et pleins de russes font la queue pour aller jusqu’à la cascade par une espèce de petit train. Nous sommes déjà excédés mais descendons le chemin jusqu’à l’eau. Arrivés en bas, le spectacle est affligeant. Les vietnamiens paient des commerçants pour les habiller en costume montagnard et vont se faire prendre en photo devant la chute. Certains font pauser leur enfant avec un chapeau de cow-boy sur un pauvre cheval prévu à cet effet ! Au summum du kitch, russes et vietnamiens se bousculent pour s’immortaliser devant la cascade sans même l’admirer un instant. Nous commençons à saturer de ce genre de tourisme asiatique. Par les nuées de gens, perche à selfie à la main, qui se prenne en photo à la moindre occasion dans un déni total du monde autour d’eux. Je suis prête à partir en fulminant lorsque je découvre encore une fois ce phénomène à la rivière mais François me retient et m’invite à prendre en photo ce que je vois, à immortaliser ce décalage écœurant entre la beauté du site et la nuée de touristes. Nous rejoindrons ensuite l’hôtel à quelques kilomètres de là, en déambulant dans la ville. Nous commençons un peu à regretter de ne pas avoir payé un trek ou autres activités de plein air mais budget oblige ! Au Cambodge, nous reprendrons l’habitude de louer vélo ou scooter pour être plus libre dans nos déplacements. Le soir venu, une crise gastronomique majeur nous pousse à nous rendre au marché, à acheter tomates, avocats, concombre et vinaigrette pour nous concocter une plâtrée de crudités ! Une bonne baguette fraiche à la main, nous dégustons cette salade qui nous fait nous sentir chez nous.