Arrivée à 5h du matin. Je frôle la nuit blanche tandis que François a beaucoup mieux dormi que moi, pour une fois. Nous déposons nos sacs à Diva Guest House, mais jusqu’à 12h, nous sommes SDF. Nous décidons d’aller nous échouer sur la plage devant le lever de soleil. Alors que nous imaginons une plage déserte dans l’aube naissante, nous réalisons qu’un flux continu de vietnamien prennent la même direction que nous dans les rues. La plage est bondée. Une nuée de locaux sont venus ici pour commencer leur journée par une séance de Tai-Chi, des étirements, un footing ou une baignade matinale. C’est totalement surréaliste car il est à peine 5h30. Après un long moment à errer, appareil photo à la main, nous nous asseyons et contemplons l’aube. Les locaux ne croisent que rarement des touristes à cette heure-ci et nous recevons des sourires chaleureux. Lorsque la foule s’est un peu dissipée, je me risque à tremper un orteil. L’eau est chaude et totalement limpide : la mer est à nous ! Cette baignade est une bénédiction, elle nous revigore et nous redonne le moral. La lanière du sac à dos attachée à mon poignet, nous nous endormons sur le sable. Une heure et demie plus tard, la plage est à nouveau déserte, comme si la cohue de ce matin n’était plus qu’un songe. Bientôt les touristes arrivent et nous partons à la recherche d’un petit déjeuner. Nous tombons sur une française, revenue dans son pays d’origine pour faire de la restauration. Elle ne nous lâche plus, nous offre un café et nous parle de Nha Trang. Elle explique qu’ici, il y a pleins de russes et qu’ils sont mauvais pour les affaires : à part la bière, ils consomment peu. Nous ne réaliserons qu’en retournant sur la plage plus tard dans la matinée, à quel point ses propos sont vrais. La plage est couverte de touristes. Aucun européen, aucun backpacker, aucun français. Il n’y a que des russes qui usent et abusent du soleil et de la bière. Ils sont rouge écarlate, gonflés et méprisants. A quelques heures de différence, nous avons l’impression qu’il s’agit d’une autre plage. Les vélos et les chapeaux pointus ont laissé place à des transats payant sur lesquelles s’allongent des russes en string. Nous ne sommes pas vraiment fiers de l’avouer, mais nous avons la flemme de nous lancer dans des visites. D’autant qu’à Nha Trang, il n’y a pas grand-chose à faire hormis la plage. Nous flânons pour le reste de la journée et nous nous couchons à 21h pour essayer de nous remettre de notre nuit blanche.

Le programme de notre deuxième journée est donc extrêmement chargé. Nous nous levons après une nuit de dix heure et nous regagnons la plage pour nous baigner à nouveau. Nos journées se résument à des aller-retour entre l’hôtel, la plage et les petits restaurants : en essayant toujours d’éviter les heures et les endroits bondés de russes. Honnêtement, le cadre n’est pas agréable mais la plage est à l’abri des vents et des courants, l’eau est magnifique, le sable est propre … et puis ça nous change des temples ! Nous faisons aussi une découverte extraordinaire : le vrai café vietnamien. Il s’agit d’un café préparé à l’aide d’un filtre spécifiquement fabriqué pour s’emboiter sur la tasse. C’est donc un vrai café moulu mais préparé à l’unité ! Nous sommes tombés sous le charme de cette petite invention d’où sort un café délicieux et nous sommes maintenant équipé pour le faire nous même ! Nous allons donc pouvoir endurer les épreuves de la vie avec la certitude d’avoir accès à du bon café au petit déjeuner.

Pour nous rattraper de notre immense flemmardise, nous nous levons à cinq heure, le dernier jour, pour un footing sur la plage ! C’est une pratique dont nous avons hâte de faire une habitude, lorsque nous aurons rejoint les plages et les îles de la Thaïlande, de la Malaisie et de l’Indonésie. Rien de tel pour vivifier le corps et l’esprit, et pour ouvrir l’appétit ! Après deux jours passés à Nha Trang, nous comprenons tellement bien que les vietnamiens se lèvent si tôt pour profiter de la fraicheur et du calme sur la plage. Nous avons été intrigués et admiratifs pour cette effervescence matinale. Nous y avons vu tellement de personnes âgés, en pleine forme, pratiquer un échauffement matinal rigoureux que nous réalisons à quel point ces pratiques saines et journalières sont le secret d’une bonne santé et d’une belle vieillesse… Depuis quelques semaines déjà, j’ai rejoint François dans ses séances de sort quasi journalière. Ce qui me semblait être une corvée sans but m’apparaît maintenant comme un excellent moyen de me maintenir en forme ! Nous sommes reposés, en très bonne santé et parés pour les durs mois qui nous attendent, à la découverte du Cambodge et du Laos pendant la mousson.