Nous avons dormi comme des loirs dans le train de nuit, mais encore une fois la nuit a été trop courte. Lorsque nous descendons du train, nous tombons nez à nez avec cinq militaires armés … Nous sommes bien dans le Sud de la Thaïlande. Nous nous attendions à ce qu’il n’y ait personne mais en sortant, une nuée de tuktuk se rue sur nous comme des mouches ! « Where you go ? », « Do you want tuktuk ? », « Hello, you need help ? » : nous sommes saturés et traçons vite notre route pour nous éloigner de cet attroupement. Heureusement, très vite, nous trouvons un hôtel. La chambre est un peu vieille mais très propre, lumineuse et particulièrement grande. Nous avions prévu de nous reposer et Louise Guest House semble être l’endroit idéal. Nous partons à la recherche d’un endroit pour manger et d’une laverie. Nous entrons dans un petit restaurant musulman pour manger : nous avons entendu vanter les mérites du mélange d’influence culinaire de cette région ! La carte est finalement assez chère et nous nous rabattons sur un soupe Tom Yum, un plat typiquement Thaïlandais. Malheureusement, le serveur et les cuisinières ne semblent pas avoir saisi le sens du terme « no spicy ». Pour la première fois depuis des mois, nous sommes incapables de manger ce plat, nous pleurons, nous mouchons, les lèvres nous brûlent et nous finissons par dire au serveur que c’est beaucoup trop épicé. Il nous reprend l’assiette, vide une partie de la sauce et complète avec de l’eau bouillante : très gracieux. Résultat des courses, la soupe n’a plus de gout mais pique encore autant ! Nous finissons notre riz et allons manger une bonne soupe de nouille aux œufs dans un restaurant plus loin.
La ville est étonnante. C’est un lieu de fête et de shopping pour les riches malaisiens qui viennent pour le week-end. Il y a des centres commerciaux, du style Galerie Lafayette, un peu partout et des tuktuk à chaque coin de rue. Ce n’est pas un lieu très chaleureux. Hat Yai est plutôt froide, assez nonchalante, un peu tendue peut-être même. Traverser la rue est beaucoup plus compliqué que dans les autres villes, plus compliqué même qu’à Bangkok. Les gens roulent bien plus vite et ont une conduite très agressive. Difficile de traverser même lorsqu’il y a une voiture au loin car elle ne change ni sa vitesse ni sa trajectoire et parfois même accélère pour mettre la pression. Ce qu’il faut savoir c’est que dans le reste de l’Asie, la circulation est anarchique mais les gens roulent lentement et sont très flexibles. Il est facile de se faufiler entre les voitures sans prendre le moindre risque. Mais nous avons trois jours de libres et absolument rien de prévu, nous allons devoir nous habituer à la circulation.

Nous n’avons pas pu louer de scooter car la seule agence de la ville qui en dispose les a tous loué pour plusieurs jours. Nous faisons tout à pied dont quelques petits détours visant à découvrir la ville. Un jour, nous découvrons au hasard une sorte de marché aux oiseaux ! Les Thaïlandais raffolent d’une jolie cage en bois avec un Pycnonotus jocosus ou "Bulbul Orphée" enfermé l’intérieur. Il n’y a que des hommes, assis dans l’ombre devant des centaines de cages. Ça boit des verres, ça discuter, ça revend, ça achète : on dirait la mafia des oiseaux ! Un autre jour, nous tombons sur un temple chinois exceptionnel. Dommage qu’il soit en rénovation, les échafaudages gâchent la vision d’ensemble mais les détails sont d’une beauté à couper le souffle. Nous nous rendons aussi à pied jusqu’à un grand centre commercial « populaire ». Il est à l’extérieur du centre-ville et n’est donc pas destiné aux touristes. Le budget de ces trois semaines étant très satisfaisant, nous en profitons pour faire des achats de fond. Certaines fournitures défient toute concurrence en Thaïlande comme le dentifrice, le savon, la lessive…etc. Nous faisons nos réserves pour la suite ! En vingt-quatre heures, nous commençons à prendre nos repères. Il y a une supérette à huit cent mètre de l’hôtel, une laverie à six cent mètres et un sublime restaurant de nouilles aux œufs à deux pas. Quand je dis sublime, je veux dire que nous n’avons jamais mangé de soupe de nouilles aussi gouteuse de tout notre voyage. Dans un bouillon à tomber par terre flottent des pâtes fraiches, des tranches de porcs caramélisées et des raviolis fait maison, un peu de verdure sur le dessus, le tout saupoudré de cacahuètes… Inutile de vous dire que nous y mangeons matin et midi tous les jours !