Notre trajet pour l’île de Koh Tao nous mène à Chompon qui n’est connu que pour être un point de départ. Cette ville sympathique nous accueille pour les quelques heures que nous avons à attendre notre bateau de nuit ! Il est quatre fois plus lent que les « speed boat » mais il est aussi deux fois moins cher, avec une nuit d’hôtel économisée. Nous avons le temps de nous balader un peu dans la ville et de découvrir un restaurant hors du commun : Easy Power. La cuisine y est exceptionnellement bonne et le patron tente un nouveau concept en Thaïlande : prix libre sur tous les plats ! C’est un des meilleurs restaurants de notre voyage, et enfin nous mangeons végétariens. Vers vingt et une heure, nous retournons à l’agence pour prendre le taxi qui nous mènera à la jetée. Nous devons avouer que nous l’avons aussi réservé pour le folklore, et je pense que nous sommes servis. Nous montons dans un petit bateau dont une des salles a été aménagée en un dortoir géant ! Nous ne sommes même pas une dizaine, et seulement trois touristes. Dans le vrombissement du monteur et bercés par les vagues, nous dormons difficilement jusqu’à notre arrivée sur l’île à cinq heure trente du matin.

Ce matin-là, nous imaginions nous réveiller au paradis, mais les premières heures sur l’île seront une véritable descente en enfer. Nous parcourons deux kilomètres à pieds avec nos sacs qui sont maintenant bien trop lourd pour notre mode de voyage. Epuisés, nous essayons les Guest House mais beaucoup sont fermés et la plupart affichent des prix en dehors de notre budget. Dans les rues bétonnées où s’entassent les hôtels, les boutiques et les agences de plongés, nous croisons une bande de jeunes ivres qui cherchent leur hôtel en titubant. Qu’est-ce que nous faisons là ? Enfin Sunset Buri Resort affiche des prix correct mais nous patienterons plus d’une heure à l’accueil avant de trouver quelqu’un pour nous renseigner. Nous n’avons pas vraiment le choix, mais leurs chambres économiques sont sales, humides et étouffantes. Il nous faudra quelques heures pour reprendre nos esprits et relativiser sur ce que nous avons vécu ce matin. Faisant abstraction des milliers de jeunes en bikini venus boire et bronzer, nous nous baladons sur la plage et prenons nos marques dans notre nouveau chez nous de passage. Une femme de ménage de l’hôtel trouve un masque dans une chambre et me le donne. Nous décidons alors d’acheter le reste de l’équipement plutôt que de louer.

Malheureusement, Koh Tao n’est pas uniquement un spot de plongée réputé en Thaïlande. Cette île est aussi dans le prolongement de Koh Samui et Koh Phang Ngan qui sont de véritables usines à « fêtes sous les tropiques ». Alors malgré les boules Quies, notre nuit sera courte jusqu’au réveil à cinq heure trente. Nous partons en tenue de combat, masque et tuba à la main, découvrir une baie qui est censée être idéale pour le snorkeling. Le chemin est rude jusqu’à la crique puisqu’il faut passer de l’autre côté de l’île en passant par-dessus la colline. Lorsque nous arrivons à sept heure et demi dans la baie, nous avons d’abord une mauvaise impression. L’environnement est très sale, des tas d’ordures jonchent le sol, les quelques habitants et bungalows à touristes sont délabrés … Nous trouvons une minuscule plage et prenant mon courage à deux mains, nous nous mettons à l’eau. Cette première session « masque et tuba » nous comble de joie. Il y a à peine à mettre le nez sous l’eau, par cinquante centimètres de fond, pour voir des poissons de toutes les couleurs. Des poisson-papillons, des poisson-anges, des demoiselles, des poissons-perroquets, des labres, un baliste titan… Ce que nous avons vu doit paraître banal pour un plongeur chevronné, mais pour nous, ce fut un véritable enchantement. Nous repartons vers neuf heure, sans avoir croisé personne !
Nous passons le reste de la journée à flâner et, en fin d’après-midi, nous rejoignons Damien (un ami de François) et Marius sur la plage. Malgré le côté affreusement touristique de l’île, nous apprenons à apprécier une bière, les pieds dans le sable, devant un beau coucher de soleil et en très bonne compagnie. Nous passons une excellente soirée et nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin pour retourner dans la même crique qu’aujourd’hui avec Damien et Marius. Nous nous endormons sans presque entendre le « boom boom » incessant des bars alentour.

Ce matin, avant de rejoindre nos camarades, nous devons faire nos sacs et rendre la chambre. Nous avons décidé de partir à quatorze heure trente pour d’autres aventures et d’enchainer le bateau avec un train de nuit. C’est une très longue journée qui nous attend et nous devons bien anticiper les préparatifs pour avoir de quoi se doucher avant de quitter l’île. Nos sacs bouclés, nous retrouvons nos deux acolytes pour gravir la colline et retourner dans la baie de Hin Wong. Il est beaucoup plus tard lorsque nous arrivons et la plage est déjà occupée par une petite dizaine de personne. Nous ne nous laissons pas abattre, enfilons nos masques et nous éloignons le plus possible en suivant les rochers. C’est presque encore plus beau que la veille. J’ai fabriqué une perche pour Gopro à l’aide d’un vieux tuba et j’arrive beaucoup mieux à filmer. La mer grouille de poissons et la lumière du soleil illumine les coraux au point que nous ayons l’impression par moment qu’il n’y a pas d’eau. Inutile d’essayer de décrire d’avantage la magie de l’instant, la vidéo que nous en avons faite est à la hauteur du spectacle (pour le moment uniquement sur Facebook car problème de droit d'auteur pour la musique sur Youtube...) ! Ne voyant pas le temps passer, nous nageons presque deux heures. Nous rejoignons épuisés la ville, nous nous douchons rapidement et engloutissons un Pad Thaï. Il est déjà temps de quitter nos amis et l’espace d’un instant, nous regrettons de partir si tôt. En route pour trois heures de ferry, puis neuf heures de train…