Je me réveille tranquillement, il fait jour et d’un coup je prends peur. Je réveille François pour lui demander quelle heure il est. Le réveil n’a pas sonné, il est sept heure vingt, nous devons quitter l’hôtel dans quarante minute en ayant fait nos sacs que nous avons rechignés à faire la veille ! Nous voilà encore à courir partout, à se jeter les affaires, à détendre le linge… etc. Tout est bien qui finit bien, nous arrivons à l’heure à l’agence pour le départ du bateau. Seul regret, ne pas avoir pu faire un au revoir plus calme à notre hôte Kornelis, chez qui nous avons passé une semaine. D’ailleurs ce matin-là, il n’était pas non plus dans son assiette. La veille, il s’est disputé avec sa femme jusqu’à en venir aux mains et il a le visage tout balafré… Tout essoufflés et tout transpirant, nous arrivons à l’agence où attendent déjà quelques volontaires pour la croisière. Au final, nous sommes vingt-deux personnes. Je commence déjà à voir que le climat n’est plus le même. Plus nous nous rapprochons de Bali, plus les touristes sont irrespectueusement dénudées et provoquantes. Au moment d’embarquer, nous sommes les seules, une mère de famille et moi, à porter quelque chose de plus long qu’un minishort. Les bases de la clientèle à bord sont posées. Tous les gros sacs passent dans la soute, et nous nous installons dans le grand dortoir où ont été disposé des tatamis. A vingt-deux, nous ne sommes pas trop serré, mais je n’ose imaginer quand le bateau est à son maximum de trente-cinq personnes. Nous nous installons tous sur le pont et l’aventure commence, nous démarrons pour nous rendre sur l’île de Rinca, premier lieu de vie des dragons de Komodo. Il faut se mettre immédiatement dans le contexte, il est neuf heure du matin, nous avons deux heures de navigation ce qui rend impensable l’idée de voir autre chose que des dragons endormis, terrassés par la chaleur. Dès que le bateau prend la mer, les pintades se mettent en condition pour une croisière bronzette ! Toutes en maillot de bain, elles se ruent sur les coins ensoleillés pour parfaire le bronzage. On voit déjà facilement que les derniers jours n’ont pas été très prudent étant donné les dos déjà rougis ou en train de peler qu’arborent fièrement la moitié des touristes. Nous avons un peu du mal à nous intégrer parmi ce florilège de superficialité. Il y a ceux qui veulent bronzer à tous prix, ceux qui sortent les bières à onze heures du matin et ceux qui prennent des selfies à longueur de temps. Nous avions vraiment cru avoir gagné en tolérance et en bienveillance vis-à-vis des autres, mais nous réalisons maintenant que nous étions juste dans des coins reculés où les touristes ont tous un peu plus de plomb dans la cervelle. Entre la brochette de touristes et le guide hypocrite à mourir, vous l’aurez compris, nous ne sommes pas vraiment à notre aise. Cependant, nous y étions préparés et nous avons bien l’intention de faire abstraction et de profiter pleinement. Nous n’y reviendrons plus dans l’article, d’ailleurs les choses sérieuses commencent, nous arrivons aux Parc National de Komodo. Nous débarquons sur la terre ferme et lorsque nous sommes enfin tous là, marchons avec un guide jusqu’à l’entrée du parc. Les dragons sont là, vautrés tel un tas de sacs à main (dixit François) à attendre que la fraicheur arrive. Leur taille est, certes, très impressionnante mais leur inactivité rend la scène moins terrifiante ! Nous faisons une marche pour la forme, mais tous les dragons sont sous les cuisines des rangers. Il semblerait que personne ne les nourrisse et qu’ils soient juste attirés par l’odeur de la nourriture. Nous avons trois heures pour nous rendre jusqu’à la seconde île qui abrite des dragons, l’île de Komodo elle-même, alors nous n’avons pas trop le temps de trainer. Nous remontons à bord et savourons un super repas de midi, bien plus copieux et savoureux que ce à quoi nous nous attendions. La navigation entre les deux îles est ralentie par des courants très forts, nous mettons beaucoup de temps pour rejoindre la seconde île et il est un peu tard pour voir des dragons. Nous entamons la marche avec les rangers et en quelques minutes, il se met à pleuvoir des cordes. En fait, ce n’est pas de refus car nous sommes tous transpirant et pleins de crème et il n’y a pas de douche à bord. François et moi, nous marchons tout en nous frottant les bras ! L’arrivée de ce tout petit trek se fait à hauteur des cuisines, qui sont encore une fois le lieu de rendez-vous des dragons. Mais la pluie les a rafraichis et nous assistons à une petite chamaillerie entre lézards géants. Voilà qui vient aiguayer cette sortie qui s’annonçait mal. Pas le temps ce soir de faire le snorkeling prévu au programme mais il est simplement reporté à demain matin. Nous allons mettre l’encre à quelques pas de Komodo et après un bon repas, nous allons nous coucher dans le dortoir. Il fait une chaleur à crever, il n’y a pas un poil d’air. François et moi sommes plutôt habitués à ce genre de conditions mais les autres ne le sont pas autant. Beaucoup d’entre eux iront dormir sur le pont pendant la nuit. Cette nuit de transpiration n’a que trop durée, et j’ouvre les yeux à cinq heure vingt pour assister à un magnifique lever de soleil. Une bonne moitié de l’équipage est déjà debout et n’a visiblement pas bien dormi ! Je prends quelques photos de l’aube et reviens m’allonger après de François. Notre guide fait tinter les casseroles vers sept heure pour un petit déjeuner. A sept heure et demi, nous sommes dans l’eau en palme-masque-tuba pour admirer les fonds marins. L’endroit est particulièrement beau. Il manque le côté spectaculaire du tombant de Bunaken, mais la faune y est presque aussi riche : nous voilà comblés. François remet la main sur le même genre de sèche que nous avions vu à Riung. Décidément cet animal est très bizarre, un peu biscornu et à la couleur camouflage. Nous sommes tellement contents de revoir de beaux poissons que nous sommes les derniers à rejoindre le bateau, appelés par le sifflet du guide ! Nous prenons la mer pour Manta’s point, sans nul doute le clou de la croisière. Si la mer est généreuse avec nous aujourd’hui, nous devrions y rencontrer quelques raies Manta. A peine nous commençons le trajet que nous tombons au milieu d’un banc de dauphins. Ils sont au moins une trentaine et le capitaine fait demi-tour pour les voir de plus près. Les dauphins commencent à s’exciter, certains font des cabrioles en dehors de l’eau et d’un seul coup les voilà qui viennent jouer avec l’étrave du bateau. C’est une explosion de souvenirs qui m’assaillent, me remémorant les croisières en famille lorsque je criais, hurlais, riais à l’avant du bateau et que bondissaient tout autour les dauphins. Pour François, c’est une première de les voir de si près et attrapant son masque, il est prêt à sauter à l’eau à la première occasion ! Mais comme à leur habitude, les dauphins repartiront aussi vite qu’ils sont venus. Deux heures plus tard, nous voilà en approche des eaux tumultueuses où viennent se nourrir les Mantas. Nous nous demandons comment allons-nous faire pour sauter au bon endroit et être sûr qu’il y en aura. J’ai aussi assez peur de sauter en eaux profondes. Très vite, nous comprenons que le capitaine à des yeux perçants et qu’il a déjà repéré un banc de raies. Nous trépignons sur le pont, palmes aux pieds, masques et go pro à la main. Nous tournons un peu autour, le capitaine et le guide évaluent les courant. Enfin, on nous autorise à nous jeter à l’eau, François et moi sommes les premiers à y aller. Nager avec les raies mantas, c’est une expérience qui se vit seul. On ne nage pas ensemble, on ne communique pas. Nous sommes submergés par la puissance de l’instant, quand surgissent du grand bleu ces êtres incroyables, paisibles et élégants. Nous espérions en voir quelques-unes, mais nous sommes cernés par une quinzaine d’individus. Nous ne semblons absolument pas les déranger : elles nagent, plongent et nous évitent d’un battement d’aile nonchalant. Nous finissons par tous nous éparpiller, attirés dans le sillage d’un raie majestueuse et dispersés par les courants. Je cherche François du regard mais il semble vraiment loin de moi et il n’y a plus de raies à l’horizon. Je me rapproche du récif pour me rassurer, ici je vois bien le fond. Je longe la roche et soudain elles semblent surgir de partout. Je suis encore au milieu d’un banc d’une vingtaine de raie. Ces raies Manta de récifs peuvent faire jusqu’à quatre mètres d’envergure. Autant vous dire qu’au milieu d’un banc, on se sent tout petit ! Après avoir nagé jusqu’à l’épuisement dans les courants, nous finissons par regagner le bateau. Nous sommes rincés mais sur un petit nuage. Nous nous laissons bercer par la croisière, un repas de midi et une petite heure de navigation avant la prochaine île. Nous arrivons à Gili Lawa juste après le repas de midi. Cette île est l’endroit idéal pour monter sur la colline et admirer la vue sur les Komodo. Beaucoup n’ont pas le courage de monter en plein soleil sous cette chaleur. Nous sommes à peine cinq à tenter l’ascension. Nous sommes tous séparés, François et moi étant partis les deuxièmes. La montée est très raide et il fait une telle chaleur que mes tongues chauffent sur les pierres et me brulent la plante des pieds. Je dois avancer sans m’arrêter si je ne veux pas que mes pieds fondent ! Alors je grimpe comme une folle, derrière le pas assuré et régulier de François. Une fois en haut, j’ai la tête qui tourne et le souffle qui s’emballe complètement. Je mets quelques minutes à regagner mes esprits. Il n’y a pas un centimètre d’ombre ici. Après quelques photos, nous entamons tranquillement la redescente. Nous avons laissé nos masques sur la plage et nous repartons pour un peu de snorkeling. Dans un premier temps, nous trouvons les fonds marins très passable mais plus nous nous éloignons de la plage et plus nous rentrons dans le courant, plus les coraux sont beaux et les poissons nombreux. Le sifflet de rassemblement finit par retentir et nous remontons à bord pour dix-huit heures non-stop jusqu’au prochain arrêt. Le repas du soir nous est servi vers dix-sept heure trente ! François et moi finissons par regagner le dortoir vers dix-neuf heure et nous regardons un film avant de nous endormir. Cette nuit de navigation sera un peu moins chaude que la précédente… Au réveil, nous sommes assez proche de Gili Satonda, mais nous avons pris encore un peu de retard avec les courants. Vers neuf heure, nous débarquons sur l’île au fameux lac salé… qui ne casse pas trois pâtes à un canard. Malheureusement, le snorkeling non plus, il semble que le rapprochement avec Lombok et Bali soit synonyme de destruction. Il y a peu de coraux vivants et beaucoup de touristes qui marchent dessus pour faire des selfies : un vrai crève-cœur. Mais l’eau est d’une clarté absolue et c’est quand même un régal de se baigner. Nous trainons jusqu’à ce que nous en ayons marre et remontons sur le bateau. Tout le monde est encore sur la plage alors nous avons le temps d’étendre affaires et de respirer un peu ! Nous mettons les moteurs pour la prochaine et la dernière destination : l’île de Moyo et sa fameuse cascade. Le plus logique aurait été de faire la cascade juste avant de partir, pour profiter des bénéfices de s’être rincés à l’eau douce, mais le guide en a décidé autrement et nous commençons par l’eau douce avant d’aller voir les coraux… Nous décidons donc de prendre deux bouteilles d’eau vides pour les remplir d’eau douce, ce qui fera l’affaire pour la douche de ce soir. La cascade est très belle, il faut grimper le long de l’eau et nous arrivons à une zone pleine de bassins naturels. Certains s’amusent à sauter d’un arbre dans le trou le plus profond et François et moi nous contentons de nous assoir dans l’eau fraiche et clair du cours d’eau. Au bout d’une heure, le guide déclare qu’il est temps de rejoindre le bateau pour pouvoir nager un peu. Arrivée sur la plage, je découvre que, parmi les brisures de coquillages et de coraux, se trouvent pleins d’œil de Sainte-Lucie ! Je me mets à arpenter la plage en ramassant de jolis coquillages. Je finis par enfiler une dernière fois mes palmes pour rejoindre François, mais le temps est compté et la balade aquatique sera de courte durée. Nous devrons mettre les « voiles » pour Lombok, la mer s’annonce agitée et nous ne devons pas trainer. Effectivement, la fin d’après-midi s’assombrie. Après le repas du soir, nous naviguons sous un ciel gris et nous sommes entourés d’éclairs. Le capitaine semble bien éviter les orages mais quelques heures plus tard, nous sommes en pleine tempête. Pour moi, ce n’est qu’une houle agitée, avec un facteur orage impressionnant. Mais pour tous ceux qui n’ont pas l’habitude de la mer, ce petit imprévu météo sonne comme une fin du monde. Lorsque la pluie s’abat avec force, l’angoisse générale monte d’un cran. Nous sommes tous dans le dortoir maintenant, et nous observons les regards inquiets pleins de question. Je finis par glisser un « ce n’est pas une grosse tempête, on ne risque rien » mais personne ne semble le prendre en considération. C’est vrai que les éclairs en pleine mer avec un fort vent, ça peut donner un paysage d’apocalypse, mais c’est surtout très beau ! Peu importe, le roulis des vagues nous bercent et nous nous endormons comme des bébés pour notre dernière nuit à bord…

Nous avons fait une vidéo regroupant tous les spots de snorkeling de la croisière, régalez vous !