Tout commence par l'arrivée dans les adorables bungalows de Man-groove hôtel. Pour quatre euros cinquante la nuit, nous n'avons pas un palace mais un petit 15m carré sans climatisation en bambous et feuilles de palmier : c'est amplement suffisant et c'est charmant ! Nous sommes à l'extérieur de la ville. On entend les vaches, le dindon d'à côté et les gens couper du bois à deux pas de notre bungalow. Pour rejoindre la rue principale et il faut slalomer entre les poules et les chiens ! Le patron est Français. En fait, nous réalisons rapidement qu'il y a énormément de Français dans cette ancienne colonie. Nous y voyons quelque chose d'assez malsain. Comme si les Français étaient encore chez eux ici, ils gouvernent la quasi-totalité du commerce à Kep. Il sont tous bronzés, non chalant et sentent la cigarette froide … quand ce n’est pas la bière à dix heure du matin. Nous n’apprécions pas vraiment cet aspect de la ville. Plus embêtant encore, c'est que nous avons le choix entre des boui- boui plus que douteux et des restaurant qui affichent des prix qui nous font un peu raler. Pour faciliter nos débuts de journée, nous achetons le nécessaire pour un petit déjeuner : yaourt, muesli et fruits frais ! Rapidement il se met à pleuvoir, et nous regagnons le bungalow. Il nous faut une bonne nuit de sommeil car nous avons décidé de nous lever à 6h pour aller marcher dans le parc national.

Lorsque le réveil nous arrache du sommeil, nous grimaçons. Nous avons franchement mal dormi. Il a plu tout la nuit et nous renonçons à notre randonnée en imaginant les chemins détrempés dans la jungle. Lorsque nous ouvrons l'oeil deux heures plus tard, il pleut des cordes. Nous profitons quand même d'une accalmie pour aller nous balader dans le village de pécheur à côté. Le paysage a des airs d'Apocalypse. Il a tellement plu cette nuit que tous les chemins sont ravinés, l'eau a charié des déchets par centaine qui s'accumulent le long de la "plage". Le village est rincé, détrempé. Plus grand monde ne cherche à se couvrir de la pluie. Les enfants jouent dans les maisons sur pilotis et font semblant de pécher. L'ambiance de cette ville est étrange, un peu dérangeante. On dirait une ville fantôme. Nous tentons une escapade en ville tant qu'il ne pleut pas trop fort mais là-bas aussi tout est mort. Seul les cambodgiens sont là sous des abris en bambous à déguster du crabes, spécialité de la ville. Malheureusement pour nous, il y a eu une grave pollution des côtes il y a deux mois et même si l'interdiction de manger du crabe a été levé, beaucoup de gens nous ont conseillé de ne pas y toucher... Ce sera donc sans nous ! Dépités, nous rejoignons notre petit restaurant à l'écart de la ville. Et là, la pluie se transforme en déluge. Les gouttes sont énormes et en quelques instants, la rue en face de nous est un lac. Puis viennent les rafales de vent qui nous envoient la pluie en pleine face jusqu'en dessous de notre terrasse abritée. Nous nous blottissons au fond du restaurant et attendons une l'accalmie, en vain. Nous enfilons nos capes et courons jusqu'au bungalow. Arrivé là-bas, pas de courant. Heureusement l'ordinateur est chargé et nous reprenons notre série dans l'obscurité... Au bout de quelques épisodes, la batterie de l’ordinateur approche la fin. Sans électricité, nous sommes privés de lumière, de ventilateur et d’eau sous toute ses formes : pas de chasse d’eau, pas de douche … Nous décidons d’aller signaler la panne d’électricité. Le gérant nous a déjà expliqué que pendant les orages, l’électricité de la ville est souvent coupée mais nous espérons que ce soit juste l’hôtel qui a disjoncté. Et c’est le cas ! Nous regagnons notre petit nid sous une pluie battante et reprenons nos films. Trente minute plus tard, le courant saute encore… Jusqu’à notre départ, le courant sautera et reviendra au grès de l’orage et du disjoncteur.

Nous n’aurions jamais imaginé que la mousson viendrait si vite. Nous avons quitté le grand ciel bleu du Vietnam pour des pluies torrentielles au quotidien. Il ne fait plus que 30-35°C mais l’humidité ambiance rend l’air consistant et pesant. Mais bizarrement, nous ne flanchons pas. Pendant les orages, nous nous réfugions dans le lit pour regarder des films : notre culture cinématographique sera phénoménale à notre retour ! Nous avons aussi découvert notre capacité commune à rire du côté sordide de la situation. Nous avons beaucoup d’imagination et d’humour quand il s’agit de nous observer, dans un bungalow sombre en pleine après-midi, à attendre que le courant fasse une brève apparition pour que nous puissions enfin … tirer la chasse d’eau !