“Les Vietnamiens plantent le riz, les Cambodgiens le regardent pousser et les Laotiens l’écoutent.”

Nous avons terminé notre périple « Indochine ». Cette expression utilisée par les colons français résume parfaitement la différence fondamentale entre ces trois peuples. S’il y a bien une chose que nous avons appris, c’est que pour les Laotiens, éviter le stress psychologique inutile est une norme culturelle. Aucun Laotien ne hâtera le pas s’il est attendu, aucun chauffeur de bus n’appuiera sur le champignon s’il a deux heures de retard et personne ne se pressera pour effectuer correctement son service dans un restaurant ! Ainsi nous avons parfois mis quatre heures et demie pour parcourir cent trente kilomètres, soit moins de trente kilomètre à l’heure de moyenne ! Les bus, d’une lenteur désespérante, s’arrête tous les cinq cent mètres pour déposer et prendre des gens et les pauses pipi ou repas se font dans l’anarchie la plus totale. Dans certains restaurants, il nous est arrivé d’attendre presque une demie heure pour que le serveur qui pianotait sur son smartphone vienne prendre notre commande. S’il est un pays qui a le plus mis notre patience à l’épreuve, c’est bien le Laos. Et contrairement à la vague de touristes qui dépeint le Laos comme le pays des gens « les plus gentils au monde », nous avons plutôt trouvé les Laotiens froids et nonchalants. Aucune dose de méchanceté, ce n’est pas le style des bouddhistes, mais aucune curiosité ou spontanéité comme nous l’avons connu au Cambodge.

« On peut juger un peuple d’après son café, ses cigarettes et sa bière… » -Michel Beaulieu »

Il fait bon vivre au Laos. Les cigarettes sont à cinquante cents le paquet mais c’est vrai que ce n’est pas un détail qui a changé nos vies de non-fumeurs. La fameuse bière laotienne, la Beer Lao, se décline sous trois formes : la basique, la Gold et la Black. Dans cette dernière nous avons retrouvé enfin un peu de caractère parmi toutes les bières asiatiques, efficaces mais insipides. Mais ce qui marque ce séjour de manière déterminante, c’est le café laotien. Du Robusta à l’Arabica, du corsé au doux, du sur-caféiné aux aromes puissants, nous avons découvert une gamme incroyable de saveurs. Depuis Paksong, nous avons compris tous les détails concernant le café. Les différents procédés de production, les diverses variétés, les mélanges, les dosages ne sont plus un mystère pour nous. Nous quittons le Laos les sacs pleins de délicieux sachets, pour nous assurer de bons réveils tout au long de notre parcours… à l’aide de notre petite cafetière vietnamienne.

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » -Marcel Proust-

Au Laos, nous avons eu l’impression d’avoir de nouveaux yeux face à de nouveaux paysages. La splendeur de ce pays nous a ému aux larmes. La saison des pluies joue un grand rôle puisque tous les paysages sont verdoyants, que tous les habitants plantent le riz et que les jours de soleil sont clairs et purs. Ce pays, quatre fois moins peuplé que la France, regorge de zones inexplorées. Les montagnes karstiques sont la clé de cette beauté sauvage qui caractérise si bien le Laos. Entre rivières et rizières, dans les montagnes luxuriantes, l’appareil photo ne semble pas nous avoir suffi pour transmettre à quel point ce que nous voyions dépassait la simple esthétique.

La suite du voyage va prendre une toute autre tournure maintenant, car nous nous dirigeons vers le Sud de la Thaïlande, ses plages et ses fonds marins. Nous serons désormais entre terre et mer durant ces quatre mois, à la poursuite avide de notre rêve.