En arrivant en Malaisie, nous sommes rapidement interpelés par l’omniprésence de l’Islam. Il est d’actualité chez nous d’être regardant sur ce genre de détails, et notre regard n’a pas pu rater les très nombreuses femmes voilées, les appels à la prière, les mosquées, la rareté ou le prix des bières et les petites flèches indiquant la direction de la Mecque dans chaque chambre d’hôtel. Cette république islamique depuis plus de cinquante ans, dont le parti politique est ré-élu de mandats en mandats, fait respecter la loi religieuse dans le pays. Il est, par exemple, inscrit dans les textes qu’un musulman n’a pas le droit de consommer de viande de porc ou d’alcool, ni d’en vendre dans son commerce. Au fil des semaines passées dans ce pays, nous avons découvert que cet immense pays musulman est totalement méconnu et que malgré les lois sur le papier, la Malaisie est pratiquante d’un islam sobre et tolérant. Certes, les textes imposent des contraintes aux musulmans, mais aucune loi n’impose la religion islamique. Pendant que le débat sur le burkini en France fait rage, nous nous sommes baignés en BIKINI sur des plages malaises, sans aucun mauvais regard, et sans aucune remarque. Il faut savoir qu’en Asie, la pudeur n’est pas qu’une affaire de religion et que rare sont les femmes qui ne se baignent pas minimum en short/t-shirt. Toutes ces femmes supportent sans rechigner que leurs belles plages soient envahies par des bimbos en string. Cette situation nous a amené à réfléchir sur nos propres notions de tolérance et de laïcité.

Qu’est-ce que la Malaisie si ce n’est un grand pays islamique ? Parfois, il est difficile de trouver à ce pays une autre identité que celle de sa religion, qui d’ailleurs est arrivée avec les Indiens musulmans. Tout ce que nous avons vu de culturel en voyageant, ce sont des édifices et des coutumes venant d’ailleurs. Nous avons marchés dans des ports coloniaux construits par les Hollandais, nous avons visités des temples chinois, nous avons mangés dans des restaurants indiens … Bref, l’identité de la Malaisie est un caléidoscope de colonialisme, d’immigration et de mondialisation. La culture chinoise est très présente, avec vingt-cinq pour cent de la population venant de Chine. Aucune ville ne compte pas quelques temples, quelques lampions et quelques Kopitiam. Ce sont des petits restaurants/cafés typiques, où se regroupent plusieurs stands alimentaires dans une même salle assurant une grande diversité de plats tout en ne se concurrençant pas les uns les autres. Accompagnés de Coline et Frank, puis deux semaines seuls, nous avons été avide de mieux découvrir cette Chine dont les personnes originaires sont si gentilles, souriantes, accueillantes et dynamiques ! De tous les plats que nous avons goutés, les mets chinois sont de loin les meilleurs et l’architecture des temples n’a fait qu’attiser notre curiosité. L’idée que la Chine puisse être notre prochain voyage germe doucement entre François et Moi.

Le dernier point essentiel concernant la Malaisie, c’est la richesse de sa faune et de sa flore. Nous avions raté beaucoup de parcs naturels en Indochine, en partie à cause de la Mousson, et nous avions regrettés de ne pas nous y être attardés. La Malaisie nous a servi sur un plateau d’argent la possibilité d’observer des espèces que nous n’aurions pas espéré voir de si près, même dans nos rêves les plus fous. L’observation des tortues marines, par une nuit illuminée d’éclairs, restera gravée à jamais dans nos mémoires. Les Orang Outans et les Nasiques se sont présentés en cousins éloignés, déroutant d’expressions et de mimiques. Nous avons pleinement conscience de la chance d’avoir pu observer toutes ces espèces, tout en ayant la satisfaction de les avoir vu en totale liberté.

Nous prenons maintenant la route pour soixante-dix jours en Indonésie. Dernier pays, et non le moindre, composé de dix-sept milles îles, qui nous assurera son lot de surprises et de découvertes incroyables…