Tout a commencé par la recherche du transport local pour rejoindre Paksong depuis Pakse. Nous négocions ardemment la course en tuktuk jusqu’à la gare routière d’où partent les navettes. Lorsque le conducteur nous dépose, nous comprenons en un clin d’œil que nous n’allons pas faire un trajet souvent pratiqué par les touristes. Nous sommes dans un petit marché sale et grouillant où sont rassemblés des sortes de camions dont la benne a été aménagé en grand tuktuk collectif. Nous répétons « Paksong » à qui veut l’entendre et en moins d’une minute, nous voilà chargé dans la bétaillère en direction de la petit bourgade d’altitude. Une jeune femme s’assoit entre nous, avec un sac plastique renforcé par le fond par une planche en carton dans lequel grouillent des petits canetons. Ils sont littéralement effrayés mais évidemment, il est impossible de ne pas fondre devant ces petites boules de plumes jaunes. La femme a l’air très fière de ses poussins et en met même un dans les mains de François (petite vidéo à l’appui !). Par le langage des signes, nous apprenons rapidement qu’ils sont destinés à être mangé. Plus nous montons et plus l’air se rafraichi, nous respirons à nouveau un air délicieux.

Lorsque le véhicule nous dépose dans le marché central de Paksong, nous sommes totalement perdus au milieu de nulle part. Nous n’avons aucun plan de la ville, nous ne savons pas où nous sommes, nous n’avons pas la moindre idée d’où dormir et personne ne parle anglais. Nous apercevons un vieil occidental sur sa moto et nous ruons vers lui pour y voir un peu plus clair. Il nous conseille tout de suite un hôtel dans lequel il réside, nous explique que la ville est uniquement le long de la route principale et nous conseille d’être prudent : il s’agit de la province la plus minées au monde ! Nous voilà donc parti le long de la route pour rejoindre l’hôtel. Le Phu-Thevada Hôtel est très correct et nous parvenons même à négocier le prix. Nous comprenons très vite que sans scooter et sans possibilité de marcher seuls à cause des mines,

un seul jour suffira pour découvrir la petite ville. Nous partons donc à la recherche d’une exploitation de café ou de n’importe quel endroit où nous pourrions déguster et/ou acheter du bon café. Cette région est réputée pour produire un des cafés les plus chers et les meilleurs au monde. Nous voilà devant la Coffee House, une vitrine de la Jhai Coffee Farmer’s Cooperative. Il s’agit d’un café bio et équitable produit dans la région. Nous demandons à gouter leur trois sorte de café : arabica, arabusta et robusta. La dégustation commence. Nous apprenons très vite énormément de choses sur cette production. L’arabusta est, par exemple, une nouvelle variété issue d’un croisement entre Arabica et Robusta. L’arabica étant la meilleur en saveur mais la Robusta la plus facile à cultiver. Beaucoup de producteurs d’ici abandonnent l’arabica, pourtant de loin la plus riche en saveur, pour cette nouvelle variété plus facile à cultiver. Très rapidement, deux individus se joignent à nous. Ils sont Thaïlandais et possèdent une ferme de café dans la région. Tous sont des mines d’informations et nous bavardons des différents procédés de torréfactions, des différentes manières de préparer le café, des enjeux de la filière… François est aux anges de goûter du si bon café et de parler avec des professionnels. Cette discussion est aussi très enrichissante pour moi car pour la première fois je n’ai plus le sentiment que mon anglais entrave ma capacité d’échanger. Grâce aux informations que François a été pécher la veille sur le café et à mes notions avancées en agriculture, je peux m’exprimer en toute connaissance de cause. Si bien qu’au bout d’une demie heure, notre interlocuteur Thaïlandais me demande si je travaille dans le « coffee business ». Au bout d’une heure et de trois tasses de café, nous sommes tout tremblants et imbibés de caféine. Ce n’est qu’au bout d’une heure trente que la discussion prendra fin avec la dissolution de notre petit comité qui repart à ses occupations professionnelles. Cette après-midi s’est déroulée au-delà de nos espérances.
Nous quittons le Coffee House et allons manger un morceau : nous sommes affamés ! Puis nous partons à la recherche de fruits pour nous concocter un petit déjeuner maison. En altitude, il y a encore des mangues, des fruits du dragons … c’est une vraie aubaine. Sur le chemin, nous passons devant un petit coiffeur. François a vraiment les cheveux longs et sur un coup de tête, nous nous arrêtons pour qu’il fasse une coupe. Je ne sais pas ce qu’il nous a pris de croire qu’une bonne femme dans un village de 200 habitants au Laos pourrait lui faire une coupe décente. Le résultat est proche de l’apocalypse. Cette chère madame lui a coupé les cheveux comme s’il s’agissait d’un Laossien à la crinière noire et épaisse. Elle a coupé très très court et surtout a désépaissi le dessus à la va-vite, laissant à François des cheveux irréguliers et même des trous vus du dessus ! Heureusement, je pense qu’il n’y a que moi qui vois ces détails de près… Nous tenterons de rattraper le coup dans un mois à Bangkok. En attendant, par respect, nous risquons de ne plus publier de photos de François pendant quelques temps !

C’est donc une journée chargée en émotions qui se termine. La soirée est délicieusement fraiche et nous nous régalons d’un riz/œuf au plat avec une bière chacun dans un petit boui-boui. Demain, l’aventure reprend pour rejoindre un autre village de montagne.