Quoi de mieux pour un anniversaire que de se balader de bus en bus pour rejoindre un port, d’y attendre trois heure pour ensuite prendre un bateau… Pour les vingt-cinq ans de François, nous prenons le large pour l’île de Bunaken, un des spots de plongée les plus réputés au monde. Avec l’aide de la Homestay à Batuputih, nous avons réservé une chambre à Daniel’s Resort. Une fois sur place, il s’avère que la réservation n’a pas été faite dans le bon hôtel. Après une heure de galère, nous rejoignons finalement Panorama Resort. Nous découvrons une petite chambre toute neuve, avec une terrasse restaurant, vue sur la mer. L’endroit est magnifique, nous dirons donc que l’erreur était juste ! Alors que nous prenons notre premier repas sur l’île, nous découvrons une tablée de voyageur aisés, ici pour la plongée, qui n’ont que faire de deux pauvres backpackers. Malgré nos tentatives pour échanger en anglais, la majorité allemande reprend toujours la conversation dans sa langue natale, coupant court à toute possibilité de discussion. Nous sommes trop contente d'être là pour être contrariés !
L’île n’est pas du tout comme nous l’avions imaginée, elle est si peu touristique ! Pas de grande plage de sable blanc (enfin presque) : la côte est entourée de mangrove ce qui explique qu’il n’y a aucune pintade en string venue uniquement pour bronzer. La végétation peut rendre l’accès à l’eau compliqué, et nous craignons un peu pour nos sorties snorkeling. Heureusement, à la fin du repas, un responsable du club de plongée vient se joindre à nous pour proposer des excursions. Une fois que tous les plongeurs ont programmé leur journée, le responsable nous explique que les plongées se font dans des zones peu profondes, au bord du tombant, et que nous pouvons nous joindre à eux pour snorkeler. Voilà donc le cadeau d’anniversaire de François, demain nous partons avec l’équipe pour mettre le nez dans une des eaux les plus foisonnantes du globe.

Le temps est plutôt beau pour un début de saison des pluies. Nous rejoignons le bateau, je loue des palmes et nous embarquons pour l’aventure. Encore une fois, nous sommes interpelés par l’ignorance totale que nous recevons. L’ambiance est agréable et détendue, mais personne ne semble avoir envie d’échanger. Le moment venu, le bateau s’arrête et le capitaine nous dit de nager en gardant la terre sur notre gauche. Il s’est mis à pleuvoir et je n’ai aucune idée de ce que j’ai sous mes palmes. François saute à l’eau en premier et m’encourage, je plonge ! Nous sommes dans la cours des grands. Une magnifique barrière de corail plonge soudainement à plus de cent mètres de fond. Nous sommes stupéfaits et je ne sais même plus où filmer tellement il y a d’espèce. Les poissons se comptent par millier, il y en a tellement qu’il est impossible de se souvenir de tous. Lors de nos précédentes plongées en Malaisie et surtout en Thaïlande, nous nous efforcions de trouver des zones où le corail est en bon état. Ici nous devons chercher pour trouver un corail mort ou abimé. Nous nageons tranquillement, mais par moment, le courant est très fort, ce qui nous cause quelques frayeurs. Il est difficile de vous énumérer toutes les nouvelles formes de vie que nous découvrons. Loin du groupe, je tombe sur un magnifique serpent de mer qui malheureusement n’est pas sur la vidéo à cause d’une « SD card error » sur la Gopro. Décidément, le matériel nous lâche !
Nous remontons de cette première plongée, à la fois émerveillés et un peu déçue pour ma part … toujours pas de tortue. Mais la mer n’a pas dit son dernier mot, le bateau nous emmène dans un autre spot et nous sautons à l’eau. Le début de la session snorkeling est confus. Il y a énormément de courant et nous ne savons pas si nous devons le suivre en s’éloignant du bateau ou bien lutter contre. François et moi sommes séparés et nous finissons par nous retrouver, à bout de souffle, bien loin des autres. A priori, personne ne s’inquiète de nous voir si loin, alors nous nous laissons glisser le long de la barrière en suivant le courant. Le spectacle est tellement beau que rien ne peut nous arracher à la splendeur du récif, pas même les ampoules qui naissent sur me pieds. Les poissons grouillent, ils sont de toutes les formes, de toutes les tailles, de toutes les couleurs. Soudain François hurle dans l’eau pour m’appeler. J’arrive tranquillement mais le voyant s’agiter, j’accélère le rythme. Alors seulement, je la vois, une magnifique tortue, nageant dans l’immensité bleue. Elle nous a repéré très vite, et s’enfonce dans les profondeurs. Alors je tente une descente pour mieux la voir, une autre tortue plus petite surgie sur ma gauche. Je suis à la limite de pleurer dans mon masque ! Nous les regardons disparaître. Epuisée, je propose à François de remonter sur le bateau, mais à ce moment-là, un des maîtres de plongée se met à l’eau en palme-masque-tuba et nous invite à le suivre. Il doit avoir l’œil alors nous décidons de continuer. Effectivement, en quelques minutes, il nous trouve une troisième tortue. C’est une jeune, elle ne doit pas faire plus de cinquante centimètres de long. Elle mange tranquillement au fond de l’eau. Il faudra au moins cinq minute pour que notre présence la gêne au point qu’elle s’en aille. Il est maintenant difficile de faire mieux. Nous rejoignons tous les plongeurs qui remontent doucement, et nous nous laissons tous emporter par le courant (qui est très puissant) pour rejoindre le bateau. La barrière défile sous nos pieds, nous nous imprégnons de cet instant avant de remonter. Alors que nous sommes presque tous à bord, j’aperçois un aileron, puis deux, puis trois... Je me lève et m’écris : « There are dolphins ! ». Tout le monde se précipite sur le pont, les dauphins viennent vers nous. Les plongeurs attrapent leurs masques et tous se jettent à l’eau. François est aussi paré à sauter, mais en un clin d’œil, les dauphins disparaissent dans les abysses. Voilà qui termine la matinée en beauté.
Nous n’avons plus qu’à nous reposer pour le reste de la journée. Nous sommes lessivés et nous avons beau avoir nagé habillé, le soleil a eu raison de chaque petite parcelle de peau apparente. Quatre heure dans l’eau, ça ne pardonne pas ! Nous mangeons copieusement, comme dans chaque pension complète, et nous faisons une longue sieste. Nous finissons l’après-midi sur la plage, au soleil couchant, puis rejoignons la tablée pour le repas. Il y a eu du changement dans les touristes, ceux-ci sont beaucoup plus bavards et nous échangeons pendant tout le repas. Le responsable de la plongée revient pour inscrire les volontaires de demain. La sortie de l’après-midi se fera dans un des meilleurs spots à tortues ! Nous nous inscrivons et allons-nous coucher.

La nuit fut difficile, mes coups de soleil à l’arrière des bras me font beaucoup souffrir et j’ai malheureusement eu un très mauvais épisode de nausée aux alentours de trois heures. J’ai quand même finit par me rendormir, mais au réveil, je ne suis pas très fraiche. Le matin, nous décidons quand même de traverser l’île à pied pour nager dans un autre endroit. Au pire, si je vomis dans l’eau, nous verrons pleins de poissons ! Nous devons chercher un chemin pour traverser la mangrove. Devant un resort, un petit chemin a été aménagé jusqu’à l’eau. L’endroit est vraiment magnifique et lorsque je sors la gopro pour prendre une photo, je constate que j’ai oublié la batterie. Décidément, je n’en rate pas une ! Nous croisons deux autres serpents de mer, plus petit que la veille et à peine nous avons le masque dans l’eau que François dégotte une rascasse. Ce spot est tout aussi fantastique que les autres, il manque simplement un peu de soleil pour illuminer poissons et coraux. Je tombe sur un magnifique poisson ange, orange et bleu marine, qui transcende tous les autres. Nous sommes en admiration devant la puissance de ses couleurs. Il y aussi des adorables petits poissons coffres, des jaunes, des bleus, des mouchetés ; des balistes en tous genre, des anges, des papillons … Nous ne savons plus où donner de la tête. Au bout d’une heure, nous sortons pour rejoindre l’hôtel à l’heure du repas de midi.
Pour l’après-midi, nous partons à quinze heure pour le fameux spot à tortue. Ce n’est pas très raisonnable, car mon corps supplie pour avoir un peu de repos, mais je ne peux me résoudre à rater une seule minute sur cette île. Je suis satisfaite de m’être forcée à venir, car cette après-midi sera probablement une des plus belles de ma vie. Ce, malgré le temps orageux proche de la tempête ; malgré les vagues qui font entrer de l’eau dans nos tubas et malgré les courants qui ont eu raison de nos dernières forces. Nous aurons vu tellement de tortues que nous ne pouvons plus nous souvenir du nombre. Peut-être huit, peut-être douze, je n’en suis plus sûre. Certaines fuyant dans le grand bleu, d’autres nageant sereinement au-dessus des coraux et certaines tellement près que j’ai dû me pousser pour les laisses passer. Comme le dise tous les plongeurs ici, on ne se lasse pas de voir des tortues. Leur nage donne l’impression d’un vol paisible, elles ont vraiment une élégance naturelle hors du commun. Lorsque nous rentrons de ce qui doit être notre dernière sortie en mer, nous sommes au-delà de l’épuisement. Après la douche à la bassine, nous entamons une longue sieste en attendant que retentisse le « diner time ! » de la patronne. Je ne veux pas partir demain. J’ai l’impression d’avoir encore tellement de choses à voir. Nous finissons par en discuter avec François, nous chamboulons tout le planning et ajoutons deux jours à notre séjour sur l’île. Nous nous réinscrivons encore, pour le lendemain, à une sortie en mer.

Au matin, le temps est à l’orage. Nous sommes plongés dans l’obscurité et il pleut des trombes. Nous attendons jusqu’au dernier moment pour décider d’aller à la sortie snorkeling. Profitant d’une légère accalmie, nous fonçons au bateau. Encore une fois, c’est sans regret car le temps change tellement vite qu’en nous mettant à l’eau il fait déjà grand soleil. C’est aussi un bon spot pour voir les tortues, nous en verrons d’ailleurs quatre ou cinq encore cette fois ci ! Nous revoyons les mêmes poissons, inlassablement. Chaque minute passée le nez sous l’eau est un enchantement. C’est un peu avant de sortir que François repère une jolie murène. Il a vraiment l’œil pour tout ce qui est poisson camouflé. Moi je suis tellement mono tâche sous l’eau que j’arrive à filmer des serpents et des requins sans même les avoir vu !
L’après-midi, nous emmenons Delphine, Yan et Melina pour une sortie en indépendant. Le soleil est très fort mais déclinant, ce qui plonge le récif dans une lumière surréaliste. Les rayons de soleil semblent transpercer les poissons, ils pénètrent l’eau pour illuminer chaque corail … Cette balade marine est facile, il suffit de suivre le courant et de ressortir de l’eau cinq cent mètres plus loin. L’heure et demie est passée comme une éclair, alors que nous nous régalions des jardins coralliens qui grouillent de vie. Chaque soir en rentrant, nous suivons le même rituel : rincer le matériel, se doucher et s’allonger, amorphe, sur le lit en attendant que sonne l’heure du repas.

Pour notre dernière journée sur l’île de Bunaken, nous ne ferons qu’une petite sortie avec Delphine dont le même spot que la veille. Malheureusement, la pluie et le vent ont amenés beaucoup de déchets et le courant est bien plus fort. Nous profitons un peu moins, mais sur la fin, une jolie tortue nous délecte une dernière fois de sa présence …

Pour une fois, nous avons autant envie de rester que de découvrir la future destination. Il est temps maintenant de faire les sacs, de mettre tout le matériel à sécher et de se préparer doucement à quitter ce paradis … pour un autre : les îles Togians ! Pendant que nous voyageons jusqu'à notre nouvelle île, n'oubliez pas de regarder notre video !