Après taxi, bus, bateau et tuktuk, nous arrivons à Nazri Nipah Camp, notre guest house sur l’île de Pangkor. Au premier regard, l’île semble un peu crasseuse et je ne suis pas convaincue. Mais François qui est déjà venu ici cinq ans auparavant, retrouve ses marques et est très enthousiaste. Il m’a fait miroiter des oiseaux tropicaux, le calao à double bec, mais j’ai peur de ne pas en voir et me montre un peu morose. Après avoir posé nos bagages, nous descendons dans les ruelles et regagnons la plage. A vrai dire, je commence à prendre gout au calme incroyable de l’île, presque pas de voiture, pas d’internet, aucun occidental. Nous nous asseyons à la terrasse d’un restaurant pour boire un jus de carotte et le premier calao montre le bout de son bec. Ces oiseaux sont impressionnants. Ils sont beaucoup plus gros que je ne l’aurai imaginé et allient le ridicule à un sérieux des plus remarquables. Alors que je joue les paparazzis sur un individu haut perché, un malaisien m’explique que le matin, il y en a partout.

Le matin suivant, lorsque nous descendons jusqu’au bord de mer pour un petit déjeuner, je prends conscience de l’ampleur de la population de calao sur l’île. Par « partout », le jeune homme d’hier soir voulait donc dire « des dizaines sur les fils électriques, dans les arbres, sur les panneaux, sur le toit des restaurant… ». Bref, c’est une véritable invasion ! Ensuite nous recherchons un scooter. Nous voilà repartis sur les routes en deux roues pour visiter l’île. En trainant, une matinée suffit amplement. Au-dessus du temple de Fu Ling Kong, nous apercevons d’immenses rapaces que je n’arrive pas à identifier, mais je prends pas mal de photos correctes. Nous finissons la matinée à Coral Beach, une longue plage de sable blanc à l’eau Emeraude … presque déserte ! Nous pensions y retourner dans l’après-midi mais le temps se couvre et j’ai beaucoup de retard dans les articles… Ce sera donc après-midi sieste et écriture. Je me plonge dans mon livre d’oiseaux pour trouver l’identité de ces grands rapaces. Grâce aux photos et à cause de leur taille, je les prends d’abord pour des vautours, mais certains détails ne collent pas comme la couleur de la tête et la forme du bec. En feuilletant désespérément mon bouquin, je tombe enfin sur l’aigle à poitrine blanche, aussi appelé Pygargue Blagre. Ce sont des aigles pêcheurs, dont l’envergure dépasse celle des vautours : quatre-vingt-cinq centimètres ! Le soir, nous devons remuer ciel et terre pour un accès internet dans un café, histoire de prévenir tout le monde que ce n’est pas ici qu’on donnera des nouvelles !

Nous avons beaucoup d’avance avant de retrouver Coline et Frank à Kuala Lumpur, même avant de retrouver Manon et Margaux que nous avions rencontré à Muang Ngoy au Laos et qui arrivent à Kula Lumpur le douze aout. Nous avons donc décidé de rester un jour de plus sur l’île, quitte à s’ennuyer autant que ce soit sur un plage déserte en se baignant dans une eau divinement bonne ! Cette journée s’annonce donc épuisante. Au petit déjeuner, étant complètement écœurée des riz fris et des omelettes baignant dans l’huile, je commande un plat de french toast. A ma grande surprise, la serveuse m’amène un plat de pain perdu avec du miel : je suis aux anges. Ce matin, la petite bourgade de Teluk Nipah grouille de singes. Ils sont partout, font fuir les calaos, renversent les poubelles, étalent les détritus si bien que les habitants les chassent au pistolet à bille. Un vrai petit déjeuner spectacle ! Ensuite nous nous rendons à Coral Beach et profitons d’une magnifique matinée ensoleillée à barboter et bronzer.
Nous rejoignons la petite ville pour le repas de midi et regardons un film pendant les heures chaudes de la journée. Soudain, les chiens qui trainent dans le jardin de l’hôtel se mettent à hurler juste devant le bungalow. Nous imaginons une bagarre avec un chien inconnu mais lorsque nous mettons le nez dehors, nous nous retrouvons nez à nez avec un varan assez imposant. Il doit mesurer environ un mètre cinquante et se trouve sur le perron du bungalow. Les deux chiens l’encerclent et lui aboient violement dessus. Trouvant une brèche, le reptile finit par prendre la fuite en poussant des sifflements menaçants. Nous sommes euphoriques d’en avoir vu un de si près et étonnés par la vitesse à laquelle il a couru pour échapper aux chiens.
Vers seize heure, nous retournons à la plage pour finir la journée comme il se doit. L’eau a beaucoup monté et la mer est assez agitée. De gros rouleaux s’écrasent sur le sable. Nous prenons d’abord un petit bain de soleil puis gagnons l’eau pour la grande aventure. L’expérience est épuisante. Nous n’avons quasiment jamais pied tellement les creux sont grands et il faut sans arrêt lutter pour ne pas être emmener vers le bord et roulés dans le sable ! Rincés, nous nous trouvons un petit banc en bois sous les arbres et la mer vient nous lécher les orteils. A cet instant nous réalisons quel privilège nous avons d’être ici, sur une plage magnifique où le nombre de baigneurs peut sur compter sur les doigts de nos mains. Nous contemplons le cadre idyllique de ces deux jours à Pangkor pour ne pas en perdre une miette. Nous sommes fin prêts à rejoindre le continent et à prendre doucement le chemin de Kuala Lumpur.