J'entre dans une période de déprime alimentaire. Nous approchons quatre mois consécutifs de féculents matin, midi et soir. François s’en porte très bien et commence enfin à reprendre sérieusement tout le poids qu’il avait perdu en Inde : il était grand temps. Pour moi, c’est une autre histoire. A chaque repas, le dilemme est grand entre riz fris, riz au poulet, riz au canard ou nouilles ou soupe de nouilles… Blasée, je commande presque au hasard et fini difficilement mes assiettes.

Dans l’ensemble Savannakhet est une ville agréable mais assez endormie. Le choix de restaurant est assez réduit, impossible donc d’imaginer trouver autre chose que des féculents. Je me damnerai pour une quiche, je tuerai pour une ratatouille ou des patates sautées, je vendrai ma sœur (pardon Coline !) pour un verre de vin rouge et du roquefort. Je crois que vous avez saisi l’ampleur du désastre alors parlons un peu de Savannakhet.

La ville est située le long du Mékong et un grand pont la relie donc à la Thaïlande, de l’autre côté de la frontière. Dans les rues nous sentons l’influence Thaï. Il y a beaucoup d’échoppes de nouilles, un niveau de vie un peu plus élevé et même une imitation de la fameuse chaîne de supérette : 7eleven. Son passé colonial Français n’est pas flagrant, contrairement à ce que dise les guides. Nous avons parcouru quelques sept kilomètres à pieds dans la ville mais n’avons croisé que de rares bâtiments qui font un peu d’époque. Nous avons par contre bien aimé le marché, même si le style est très proche de ceux du Cambodge. A l’entrée, des échoppes vendaient toutes sortes de produits à base de plantes et d’huile végétales mais les écritures en Laotien ne nous ont pas aidé à comprendre de quoi il s’agissait. Rassemblant tout son courage, François a mimé le mal des transports, devant une commerçante morte de rire. C’était une scène inoubliable que de voir François imiter quelqu’un en train de vomir ! Mais la dame a parfaitement compris et nous a tendu un petit pot rempli d’herbes à respirer. Nous verrons lors des huit heures de routes de montagne pour rejoindre Luang Prabang si ce mélange est efficace. La suite de la marche nous a surtout permis de découvrir des temples et nous avons échangé quelques mots avec un moine curieux. Il était très frustré que son anglais ne lui permette pas de nous poser plus de question. Il avait vraiment l’air de quelqu’un de si innocent et gentil, s’en était touchant. Sur le retour, nous traversons une grande place inanimée qui semble être le marché de nuit de la ville. Nous y retournons à l’heure du diner et découvrons un lieu local très agréable où les laotiens viennent manger en famille. Je surprends même quelques mots en Français. Il n’y a pas si longtemps, la langue de Molière était encore enseignée à l’école dans tout le Laos…